Je tenais à préciser à propos de l’histoire de C. qu’au premier abord, vous pourriez penser que c’est juste une très belle histoire d’amour.
Mais pour avoir beaucoup échangé avec elle, je vous confirme que c’est bien une histoire d’âmes jumelles. Elle l’a juste raconté en toute pudeur sans rajouter les signes, les synchronicités, …
Je vous laisse la lire …
La première fois que j’ai vu cet homme, c’était il y a un peu plus d’un an.
J’emménageais tout juste dans mon appartement à Paris, j’avais 22 ans, c’était la première fois que j’habitais seule. J’étais hyper bien dans ma vie, très enthousiaste à l’idée de vivre à Paris (moi qui toute ma vie ai été banlieusarde), pleine de projets… Bref, j’étais très bien dans mes baskets, célibataire, et je ne cherchais personne.Très vite après mon emménagement, j’ai remarqué un beau jeune homme dans ma rue, je croisais de plus en plus régulièrement. J’ai vite compris qu’il travaillait dans l’entreprise voisine de mon immeuble, et que qu’il était dans la rue quand il prenait ses pauses clope. Je l’ai tout de suite repéré, déjà parce que c’est un bel homme, mais en plus parce qu’il a une chevelure rousse flamboyante qui me fascine complètement.
Quand on se croisait, on avait toujours nos lunettes de soleil (c’est important), notamment parce qu’on a eu un très beau mois de septembre et d’octobre. J’avais le sentiment qu’il m’avait repérée aussi, même si je n’avais aucune preuve tangible. À chaque fois que je le croisais, c’était mon petit plaisir de la journée, j’étais toute contente. Puis, l’après-midi du 14 octobre 2014 (oui, je me souviens de la date), tout a changé.
Ma mère était venue à l’appartement pour travailler avec moi. On a fait une pause, et elle m’a dit qu’elle se boirait bien une bière. Je lui ai dit qu’il n’y avait pas de problème, que je pouvais aller lui en chercher une à la supérette au coin de ma rue. Je suis descendue rapidement, et je n’avais pas mis mes lunettes de soleil.
En ouvrant la porte de mon immeuble, j’ai vu que le bel homme aux cheveux roux était là, juste à côté, en train de discuter avec un collègue. Je ne sais pas pourquoi, je me suis sentie heureuse et je me suis mise à courir, et j’ai senti qu’il me suivait du regard.
Quelques minutes plus tard, je suis revenue de la supérette. Le beau roux était toujours là, à côté de ma porte d’immeuble. J’arrivais face à lui, et lui s’est mis face à moi, j’ai senti qu’il me regardait arriver. Lui non plus n’avait pas ses lunettes de soleil. Comme j’étais gênée, je regardais de tous les côtés (“ooooh, quel beau lampadaire !”).
Puis, arrivée à son niveau, juste avant de le dépasser, j’ai levé les yeux vers lui. Et là … Le REGARD QU’IL AVAIT !
De beaux yeux bleus, posés sur moi, et ébahis. Comme s’il n’en revenait pas que j’existe. Comme s’il venait de voir une apparition, un ange tombé du ciel. Ça n’a duré qu’une seconde, mais ça m’a semblé durer un éternité, comme si le temps était suspendu. Ce regard reste gravé dans ma mémoire, comme si c’était hier. Je l’ai dépassé, et j’étais toute perturbée, j’ai eu du mal à ouvrir la porte de mon immeuble. Je suis rentrée, je n’ai rien dit à ma mère, et j’ai repensé à ce qu’il s’était passé toute la soirée. Je me suis dit : “Ooooh, je crois que je plais à quelqu’un.”
Dès lors, mon regard a complètement changé sur lui. Je me suis dit qu’il fallait que je l’aborde. J’attendais de le recroiser. Je le recroisais quelques fois, il n’était jamais seul, donc je n’osais pas. Mais je voyais qu’il était complètement perturbé en ma présence et que je lui faisais de l’effet, ça crevait les yeux. N’importe qui l’aurait remarqué. Ce petit jeu a duré quelques mois – j’ignorais ses horaires de boulot, je ne savais pas quand il prenait ses pauses (toujours de manière aléatoire, d’ailleurs), et moi-même je n’étais pas toujours là. J’avais réussi à l’aborder une fois, alors qu’il était seul, pour lui poser une question débile – mon cœur battait la chamade comme pas possible ! Il avait répondu très poliment à ma question, et je le sentais très perturbé lui aussi, puis pour finir il est reparti à son travail en bafouillant un “bonne continuation” – ça m’a marquée, personne ne dit ça quand quelqu’un lui demande un renseignement !
J’avais réussi à l’aborder et à entendre sa (belle) voix (grave), mais ce n’était pas suffisant. J’attendais de le recroiser, j’élaborais des stratégies, je voulais lui donner mon numéro. J’en étais à le guetter de ma fenêtre, alors qu’il caillait dehors, pour savoir quand il sortait – et en plus j’assumais totalement.
Et puis, un vendredi soir de décembre, alors que je m’apprêtais à aller travailler au théâtre et que l’heure des sorties de bureau étaient passées, j’en ai eu marre. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris à ce moment-là, mais, alors que je passais devant la porte de l’entreprise dans laquelle le beau roux travaillait, j’ai eu une idée. J’ai sorti un petit bout de papier de mon sac, j’ai écrit un truc du genre : “Je dois vous dire qu’un jeune homme aux cheveux très roux travaillant ici me plaît beaucoup.”, j’ai scotché le petit mot sur la porte de l’entreprise et je suis partie. Le lendemain matin, j’ai vu que le petit mot avait été enlevé, et comme on était samedi, je me suis dit que ça devait être un coup des employés de ménage. Alors, dimanche soir… J’en ai recollé un sur la porte de l’entreprise. Comme ça, j’étais sûre que le lundi matin, les employés de bureau le verraient en arrivant. Évidemment, toute la journée du lundi, je me demandais ce qui allait se passer. En sortant le midi pour aller faire des courses, j’ai vu que le petit mot avait été décollé. En revenant, j’ai vu que le beau roux était là. J’ai eu l’impression qu’il m’attendait. Je me suis approchée de lui, le cœur battant. Il m’a vue arriver, bien entendu. J’ai cru qu’il s’apprêtait à me dire quelque chose. Puis, alors que j’arrivais à son niveau, il a brusquement changé de trottoir pour aller rejoindre des collègues en face. Ça m’a grandement perturbée. Quelques jours se sont passés, rien de nouveau. Et puis, un soir, alors que je rentrais chez moi, j’ai vu le beau roux partir de son travail… À vélo ! Je savais comment il se rendait au boulot ! J’ai grandement observé son vélo, qui était très reconnaissable, notamment grâce aux deux sacoches accrochées à la roue arrière. En fait, j’étais passée plein de fois devant ce vélo, sans savoir que c’était le sien.
Alors, le lendemain… J’ai décidé qu’il était temps de boucler la boucle des petits mots. J’en ai écrit un autre. J’ai dit que c’était moi qui avais scotché les petits mots sur la porte de l’entreprise, je me suis un peu décrite physiquement, puis je me suis dessinée. Puis, je l’ai dessiné, lui, en précisant que normalement, il devait ressembler à ça. Puis, j’ai ajouté mon numéro de portable. En allant en cours, je suis passée devant son vélo, j’ai accroché le petit mot sur le guidon, et je suis partie comme si de rien n’était, même si j’avais l’impression que mon cœur allait exploser. Évidemment, toute la journée, j’ai stressé. Je finissais tard, donc je savais que quand j’allais rentrer chez moi, lui serait déjà parti. Je ne savais pas si j’allais avoir une réponse ou pas, s’il allait se passer quelque chose, mais j’étais fière d’avoir fait ça. Et puis, dans la soirée, alors que j’étais chez moi… Vers 22h, j’ai reçu un SMS d’un numéro inconnu. En tout, j’en ai reçu trois, morcelés (je ne sais pas si c’était fait exprès ou si c’était sous le coup du stress). Ça disait à peu près : “Bonsoir C. Je ne suis pas habitué à ceci… Je m’appelle R. et je vois tout à fait qui vous êtes. Vous dessinez bien. Veuillez m’excuser pour ma syntaxe déplorable.”
J’étais hystérique à m’en rouler par terre !
Je lui ai répondu un truc du genre : “Merci, ne vous inquiétez pas pour la syntaxe, je ne suis pas une grammar nazi.” Puis, pas de réponse. Le lendemain, je lui ai proposé d’aller boire un verre. Il m’a répondu que ce serait avec plaisir, mais qu’il avait un emploi du temps compliqué ces temps-ci, et qu’il me recontacterait quand il serait disponible. J’ai patiemment attendu. Quatre jours plus tard, il m’a donné rendez-vous. J’étais encore plus hystérique.
Nous nous sommes vus un vendredi soir dans le centre de Paris. En arrivant, nous nous sommes dits “enchantés” et nous avons ri comme des andouilles. Il m’a emmenée dans un bar sympa. Nous avons commencé à nous poser des questions basiques, comme ce qu’on faisait dans la vie, notre âge, etc. J’ai appris qu’il avait 31 ans, soit 9 ans de plus que moi. Ça m’a fait un petit quelque chose (je le croyais plus jeune, et lui de son côté je pense qu’il me croyait plus âgée), puis j’ai décidé que je m’en fichais. Ensuite, nous avons parlé… Pendant plus de quatre heures. Jusqu’à la fermeture du bar, en fait. Nous étions complètement dans notre bulle. Les autres autour n’avaient pas d’importance. C’était lui et moi. Nous ne nous quittions pas des yeux, et nous avions toujours une partie de notre corps en contact (soit nos jambes, soit nos bras).
Nous avons rapidement parlé de choses profondes. Il était très loquace, il s’est rapidement confié à moi (moi je suis restée un peu plus vague) sur plein de choses. Je le trouvais très intéressant et intelligent, en plus d’être très beau. Nous partagions plein de choses, et avions des visions de la vie très semblables, ainsi que des parcours étonnamment similaires, même s’il y avait beaucoup de différences également. Le bar a fermé, nous sommes sortis. Il pleuvait, nous nous sommes abrités dans un recoin. Il a allumé une cigarette, nous avons continué à discuter. À un moment donné, j’ai mis mon bonnet, et R. s’est arrêté en plein milieu de sa phrase pour me regarder, légèrement bouche bée – il a dû me trouver très mignonne avec ! Nous avons parlé encore un peu… Puis il s’est approché de moi, sans rien dire, ses yeux plantés dans les miens.
Gênée, j’ai tourné la tête et j’ai eu un petit rire nerveux. Il m’a demandé en riant ce qu’il y avait, j’ai dit “rien”. Il est sorti de dessous le porche avec un sourire, et je l’ai suivi. Comme il pleuvait toujours, j’ai ouvert mon parapluie et nous sommes tous les deux allés dessous. Puis, nous sommes arrivés sur un boulevard plein de monde. On s’est arrêtés. Sans arrière-pensée aucune, je lui ai demandé ce qu’il voulait faire. Alors il m’a répondu, le plus sérieusement du monde : “J’ai envie de t’embrasser.” Alors je l’ai embrassé. Il faut voir la scène, quand j’y repense ça faisait vraiment comme dans les films romantiques. Nous deux, nous embrassant sous un parapluie, en plein milieu d’un boulevard plein de passant, Paris la nuit… Pfouh !
J’ai adoré l’embrasser, même si j’avais un petite voix agaçante dans ma tête qui me disait que je ne m’y prenais pas comme il fallait. J’ai rompu le baiser, et R. a eu l’air d’avoir beaucoup apprécié, puis il a enfoui sa tête dans mon cou en soupirant. Il m’a demandé si je voulais qu’il me raccompagne en taxi, et qu’on aille chez lui ou chez moi.
Là, la première pensée que j’ai eue (qui est un peu marrante avec le recul) : “je ne suis pas épilée correctement.” Ha ha ! En fait, j’ai eu peur, je ne savais pas de quoi exactement, mais du coup j’ai décliné. Il l’a très bien pris (en tout cas en apparence), et il m’a raccompagnée au Noctilien (il voulait m’offrir un taxi, mais j’ai refusé, trop cher), parce que lui était venu à vélo. Plusieurs fois, il m’a embrassée, il me faisait régulièrement des baisers sur le front, il a entrecroisé ses doigts avec les miens. Le bus est arrivé, il m’a embrassée une dernière fois, je lui ai dit qu’on pourrait se revoir, et il m’a répondu “avec plaisir”.
Je lui ai caressé la joue, et R. me regardait avec une sorte d’admiration que j’ai du mal à décrire, comme s’il avait du mal à croire que ce rendez-vous avait vraiment eu lieu.
Je suis partie. Le lendemain, je lui ai envoyé un message pour lui dire que j’avais envie de le revoir, et il ma répondu que lui aussi, et qu’on pourrait se voir bientôt. J’étais sur un petit nuage, complètement déconnectée du temps.
Bon, je vais essayer d’abréger un peu …
J’ai recroisé R. une fois après ça, ça a duré cinq minutes, je partais pour les vacances de Noël, et lui avait un rendez-vous professionnel. On s’est embrassés. Je ne savais pas quand on se reverrait.
En gros, j’ai réussi à revoir R. le 4 janvier 2015, pour un autre rendez-vous. Entre temps, il avait eu une otite et prenait des antibios, donc il avait été en congé maladie. Le deuxième rendez-vous s’est bien passé, on a beaucoup discuté là aussi… Mais je sentais une certaine distance de sa part. Il m’a raccompagnée jusqu’au métro. Je lui ai demandé ce qu’il allait faire. Il m’a dit qu’il allait rentrer. Je lui ai demandé s’il voulait que je vienne… Et il m’a répondu qu’il ne préférait pas. Bon, je me suis sentie pétrifiée à l’intérieur, mais j’ai fait de mon mieux pour ne pas le laisser paraître. Je lui ai demandé pourquoi. Nous avons parlé pendant un bon bout de temps devant la bouche de métro, je me sentais de plus en plus mal, je jouais avec l’écharpe qu’il portait. Il avait du mal à expliquer ce qu’il ressentait.
Il m’a dit qu’il me trouvait très charmante, très jolie, que j’avais l’air d’être une nana “chanmé” (je reprends son terme), mais qu’il ne se voyait pas être en couple pour le moment, surtout après une histoire chaotique avec son ex avec qui il est resté cinq ans. Je lui ai dit que je n’avais pas d’attentes vis-à-vis de lui, que je ne voulais pas spécialement être en couple, que je voulais simplement le connaître, lui, tel qu’il était. J’ai vu que mes mots l’avaient chamboulé. Il m’a dit qu’il avait peur de ne pas être assez intéressant et intéressé, qu’il ne voulait pas me faire de mal, qu’il apprenait à vivre seul et que c’était ce qui lui convenait pour l’instant. Il a ajouté qu’il ne voulait pas que ce soit juste une histoire de fesses avec moi, qu’il ne voulait pas être le connard qui couche une fois avec moi et ne rappelle jamais. Je lui ai demandé : “Donc, si on couche ensemble, tu penses que tu ne me rappellerais pas ?” Il a répondu : “Si, je pense que je te rappellerais. Mais…” Il cherchait ses mots. Je lui ai demandé de quoi il avait peur. Il n’arrivait pas à expliquer. Il disait : “Si on va chez moi, on fera l’amour, et…” Et ? Il n’arrivait pas à trouver la suite, incapable de finir sa phrase.
Il y a eu un silence durant lequel je devais sourire inconsciemment, car il a ajouté : “C., je suis un homme, et si tu continues à me sourire comme ça, je ne sais pas ce que je vais faire.” Clairement, je l’attirais, clairement, il avait envie de plus, mais il ne voulait pas m'”infliger” ça. J’ai loupé le dernier métro, il m’a raccompagnée à un arrêt de bus (il m’a même fait essayer son vélo, auquel il tient énormément), je l’ai embrassé une dernière fois avant de partir, il s’est laissé faire. Chez moi, je n’arrivais pas à dormir, je pleurais, j’avais froid. Je lui ai envoyé un SMS pour m’excuser de l’avoir embrassé, que c’était déplacé après ce qu’il m’avait dit. Il m’a répondu qu’il n’y avait pas de problème, et que j’étais une “chouette nana”.
Puis, le 7 janvier, soit trois jours après, il y a eu les attentats à Charlie Hebdo. J’ai recontacté R., car il travaille dans un truc de presse, je lui ai demandé comment ça allait, et il m’a répondu qu’un ami à lui qui travaillait à Charlie s’était fait tirer dessus à l’épaule et se trouvait dans le coma. Nous nous sommes recroisés quelques jours après la marche du 11 janvier. Nous nous sommes mutuellement demandés de nos nouvelles. L’ambiance était la même, il n’y avait que nous deux qui existions.
J’avais décidé de ne pas complètement lâcher l’affaire avec lui. Nous avons eu un autre rendez-vous, qu’il accepté, un midi de février. Nous avons mangé dans un restaurant sympa lors de sa pause déjeuner. Il était assez stressé, même si nous avons ri et bien discuté, je le sentais tendu. Je ne le recroisais pas tant que ça, et je n’avais pas de ses nouvelles. Puis, pour en avoir le cœur net, je lui ai proposé un autre rendez-vous, en mars, m’attendant déjà un peu à une réponse négative. Et effectivement, il m’a répondu ça : “Je pense que t’attends pas la même chose que moi. Pour être honnête et franc je pense que c’est pas une bonne idée. Ça entretiendrait un truc chelou. On peut être potes mais il faut que ça [soit (mot oublié)] clair. Si c’est ambigu, ça me met mal à l’aise.”
Puis, SMS d’après : “La preuve, j’oublie mes mots.” Je lui demande qu’on se revoie tout de même pour discuter de ça, pour “en finir” en direct.
Nous nous sommes retrouvés le 7 mars, alors qu’il faisait très doux, à Beaubourg. Très vite, il a commencé à me parler de tout et de rien, alors j’en suis venue aux faits, je voulais qu’il m’explique. Gêné, il m’a dit qu’il avait pensé être clair à notre deuxième rendez-vous (alors que non…) et qu’il était désolé. Il a dit qu’il ne voyait personne en ce moment et que ça ne l’intéressait pas, qu’il préférait se concentrer sur ses amis, son travail, sa musique. Il a ajouté qu’il se sentait un peu vide, pas particulièrement déprimé, mais pas particulièrement bien non plus. Je lui ai dit que j’avais quelqu’un (alors que ce n’était pas vrai, même si j’ai eu quelqu’un peu de temps après !). Il a répondu que c’était chouette, mais d’un ton pas franchement convaincant. Puis nous avons quand même parlé deux heures. Nous avons discuté musique, cinéma, littérature, création artistique, des sujets qu’on adore. Il m’a même récité le refrain d’une chanson qu’il avait écrite (il a des tas de carnets de chansons composées chez lui) et dont il était content, il avait un grand sourire en me le disant, comme s’il cherchait mon approbation et que ça lui faisait plaisir de partager ça avec moi. J’étais très touchée. Nous nous sommes quittés en nous faisant la bise. Il m’a dit “à bientôt”, je lui ai dit “à plus” avec un demi-sourire entendu. Je me sentais vidée, déprimée, la gorge nouée.
Quelqu’un d’autre est arrivé dans ma vie (et n’y est pas resté longtemps, je ne m’attarderai pas là-dessus). Ça m’a fait du bien pendant un temps, disons. Mais, après la première nuit que j’ai passée avec ce garçon, je me suis mise à pleurer toutes les larmes de mon corps, à m’en épuiser, en gémissant le nom de R.. Je n’en revenais pas de pleurer autant et à ce point-là, j’ai passé tout l’après-midi à pleurer, c’était incontrôlable. Ça a duré un mois avec ce garçon, puis il est parti. Je m’en suis assez vite remise, même si j’ai pas mal accusé le coup là aussi. Je mélangeais tout. En fait, ce garçon m’a fait prendre conscience de plusieurs choses : que j’avais déplacé sur lui des sentiments que je n’éprouvais pas pour lui, et que j’étais amoureuse de R.. Purement et simplement.
R., je ne le croisais plus pendant un moment, et je faisais tout pour l’éviter, ce qui fait que nous ne nous sommes pas parlés pendant des mois. Mais il n’était jamais sorti de ma tête, et le fait de savoir qu’il travaillait juste à côté de chez moi n’arrangeait rien. Puis, il y a eu les vacances d’été.
J’ai pris connaissance de la notion de Flammes Jumelles, et je l’ai enfin assimilée à mon histoire. Ça a changé radicalement ma vision des choses. Je me suis dit que tout n’était pas perdu, bien au contraire. Depuis la rentrée, j’ai croisé R. quelques fois, mais je n’ai pu lui parler qu’une seule fois (alors que ça faisait très longtemps qu’on ne s’était pas adressés la parole, chacun s’ignorant un peu). On s’est demandés de nos nouvelles, il se souvenait de pas mal de choses sur moi, ça m’a fait plaisir.
Voilà où j’en suis concrètement (mis à part tout le cheminement intérieur, et l’évolution dans ma perception des choses, bien entendu).
J’ai toujours son numéro (j’ai eu la jugeote de ne pas le supprimer de mon répertoire), mais je ne l’ai pas contacté. Si mon intuition me dit de le faire, je le ferai, mais là, ça me paraît trop bizarre, surtout que la communication par SMS n’a jamais été le truc de notre “relation”. Je verrai bien comment tout ça avance. Il y a eu séparation, ça c’est sûr, mais c’est un peu particulier parce qu’en même temps, j’ai l’opportunité de le croiser régulièrement. On est “obligés” de se voir, en quelques sortes. En plus, tout ça a été très rapide – la rencontre, la séparation – donc je me dis qu’on a peut-être un rythme de progression rapide.
C.
Crédit photo : Pixabay.
Si vous souhaitez reproduire ce texte, merci de le faire dans son intégralité et d’en citer la source.
Merci pour ces témoignages.
Que chacun trouve la foi en soi et en cet amour et oublie son ego pour aller vers cet amour universel.